Les Directions Achats sont devenues un levier de performance pour l’entreprise. Longtemps perçue comme une fonction support, la gestion des achats est aujourd’hui au cœur des enjeux de compétitivité : maîtrise des coûts, gestion des risques, optimisation des fournisseurs, décarbonation…
Pour répondre à ces défis et affiner leur stratégie, les équipes Achats doivent s’appuyer sur 13 indicateurs clés de performance. Suivez le guide !
La réduction et le contrôle des coûts
L’inflation durable, les tensions géopolitiques, la hausse des droits de douane et la volatilité des marchés placent la réduction des coûts au sommet des priorités Achats en 2025 pour la 4e année consécutive.
Dès lors, la mise en place et le suivi des KPIs de contrôle s’avèrent indispensables.

#1 Taux d’achats sauvages
Cet indicateur mesure la proportion des achats qui ne respectent pas les processus mis en place au sein de votre organisation (commande, contrôle, validation). Bien souvent imprévisibles et invisibles, ils sont à l’origine de coûts non maîtrisés. On estime qu’ils représentent un tiers de la part totale des achats réalisés.
Si les achats directs font l’objet de procédures bien structurées dans les entreprises, la gestion des achats indirects, moins stratégiques et plus occasionnels, est souvent négligée.
Source d’économie inexploitée, elle doit être améliorée, avec la mise en place d’une solution d’e-procurement et le recours à des plateformes telles qu’Amazon Business par exemple.
Formule : (Part des achats qui ne respectent pas les processus mis en place au sein de votre organisation / La totalité des achats) x 100
#2 Taux d’application des contrats
Cet indicateur évalue la discipline contractuelle de votre organisation : en d’autres termes, la capacité des équipes à orienter les achats vers les fournisseurs référencés et aux conditions négociées.
Lorsque les achats s’écartent des contrats en place, cela peut traduire un manque de visibilité des accords, une inadéquation entre les contrats négociés et les besoins opérationnels ou bien encore, le non respect de la politique achat.
Un suivi régulier permet d’identifier les catégories où l’application contractuelle reste fragile et d’engager des actions correctrices : renégociation, communication renforcée, adaptation des panels fournisseurs.
Formule : (Part des achats réalisés auprès de fournisseurs sous contrats / Total des achats de l’entreprise) X 100
#3 Taux d’achats réalisés sous appel d’offres
Troisième et dernier indicateur à prendre en compte pour optimiser et contrôler vos coûts, ce KPI mesure la part des achats stratégiques qui passent par une procédure formelle de mise en concurrence des fournisseurs.
Grâce à un processus de sourcing bien structuré, votre Direction Achats sera en mesure de négocier des conditions tarifaires plus avantageuses et ainsi réduire ses dépenses.
Ces dernières années, cette approche s’est révélée particulièrement déterminante. Dans un contexte d’inflation forte et persistante, la mise en concurrence a permis à de nombreuses organisations de contenir leurs hausses tarifaires, de rééquilibrer leur pouvoir de négociation et, dans certains cas, de dégager des économies significatives malgré la pression des marchés.
Formule : (Part des achats ayant fait l’objet d’un appel d’offre / Total des achats de l’entreprise) X 100
L’amélioration de la productivité
Parce que les Achats interviennent aujourd’hui dans des périmètres variés et souvent sous tension, le suivi de la productivité au moyen de KPIs est essentiel pour garantir l’efficacité de vos processus, optimiser les coûts et maximiser la valeur apportée à votre entreprise.
#4 Taux de satisfaction des clients internes
Indispensable pour évaluer la qualité du service rendu par la Direction Achats, cet indicateur calcule dans quelle mesure les équipes internes estiment que leurs besoins sont compris, traités efficacement et répondent à leurs attentes.
Généralement calculé via une enquête de satisfaction, il permet d’identifier les irritants du processus à améliorer (délais de réponse trop longs, manque de visibilité, complexité des procédures) .
Un bon niveau de satisfaction reflète une collaboration fluide entre les Achats et les autres départements et contribue directement à l’efficacité globale de l’entreprise. À l’inverse, une baisse de cet indicateur peut révéler des dysfonctionnements opérationnels, un déficit de communication ou la nécessité de faire évoluer certains processus.
Formule : (Nombre de réponses positives (par exemple Très satisfait et Satisfait) / Nombre total de réponses x 100
#5 Délai d’Onboarding des fournisseurs
L’onboarding de vos fournisseurs est une étape cruciale qui conditionnera le succès de la relation commerciale avec vos partenaires et permettra d’éviter les fraudes, les erreurs et la non-conformité avec les réglementations en vigueur. Au cours de cette période, plusieurs informations doivent être collectées sur :
- L’identification du fournisseur : nom, n° de Siren / Siret, forme juridique, coordonnées, etc ;
- La structure de son organisation : actionnaires, identité des dirigeants, appartenance à un autre groupe, etc ;
- Ses antécédents : fiabilité, stabilité, capacités opérationnelles et réputation ;
- La qualité des produits et services fournis ;
- Les conditions de paiement.
Suivre ce délai, qui mesure le temps nécessaire à l’enrôlement d’un nouveau fournisseur, permet d’équilibrer deux impératifs : aller suffisamment vite pour ne pas retarder les opérations, tout en prenant le temps nécessaire pour fiabiliser les informations et éviter les risques évoqués précédemment.
Formule : Date de validation finale – Date de création de la fiche fournisseur
#6 Le nombre de commandes passées par acheteur
La digitalisation des processus achats vise avant tout à améliorer l’efficacité opérationnelle des équipes. Dans cette logique, le suivi du nombre de commandes passées par acheteur constitue un indicateur important. Il permet d’apprécier la charge administrative supportée par chaque collaborateur, d’identifier les processus encore trop manuels et de mesurer l’impact réel des outils déployés.
Observer régulièrement ce volume et la nature des commandes traitées aide à repérer les leviers d’optimisation : automatisation de certaines étapes, délégation contrôlée, amélioration des demandes d’achats, refonte des circuits de validation.
Cette analyse permet également de quantifier le temps libéré grâce à la digitalisation et de le réallouer à des activités à plus forte valeur ajoutée, telles que le pilotage fournisseur, la négociation ou l’analyse de la dépense.
Formule : Nombre total de commandes / Nombre d’acheteurs
#7 Délai moyen de traitement des commandes
La rapidité d’exécution constitue un enjeu majeur pour la fonction Achats. Un processus trop long peut entraîner des retards dans l’approvisionnement, perturber la production, générer des coûts supplémentaires ou mobiliser inutilement les équipes internes.
À l’inverse, un traitement fluide des commandes renforce la satisfaction des collaborateurs, améliore la continuité d’activité et contribue à la maîtrise des dépenses.
Le suivi régulier du délai moyen de traitement des commandes permet d’identifier rapidement les points de friction : validations trop nombreuses, données incomplètes, manque de standardisation ou retards dûs à des tâches manuelles.
Formule : Date d’émission de la commande – Date de création de la demande d’achats
La gestion de la relation fournisseurs
Les différentes crises géopolitiques et économiques que nous traversons ont installé une tension durable sur les chaînes d’approvisionnement, créant parfois un déséquilibre dans la relation clients–fournisseurs. Même si cette pression semble aujourd’hui moins forte, les Directions Achats demeurent confrontées à un enjeu central : garantir la fiabilité de leur réseau de partenaires.
Dans ce contexte, les organisations n’ont d’autre choix que de renforcer l’attention portée à leurs fournisseurs et de devenir, autant que possible, leur « client préféré ». Cela implique une relation fondée sur la confiance, la transparence et un dialogue continu, mais également un pilotage rigoureux grâce à plusieurs indicateurs.

#8 Taux de livraisons en retard
Cet indicateur mesure la proportion de livraisons effectuées hors délai par rapport aux engagements contractuels. Il constitue un repère majeur pour évaluer la fiabilité opérationnelle d’un fournisseur et sa capacité à tenir les niveaux de service attendus.
Un taux de retard élevé fragilise directement la chaîne de valeur : perturbation des opérations, réajustements des plannings, surcoûts logistiques et insatisfaction des utilisateurs internes. Il constitue également un signal d’alerte pouvant révéler des difficultés structurelles du fournisseur : tensions capacitaires, aléas logistiques, problèmes de qualité ou manque de visibilité sur les prévisions.
Pour restaurer une relation saine et renforcer la transparence de la collaboration, il est essentiel d’ouvrir un échange structuré avec les partenaires concernés. Cette démarche permet d’identifier précisément les causes des défaillances et de définir, en commun, les actions correctrices nécessaires.
Lorsque les écarts deviennent récurrents ou qu’ils compromettent la continuité d’activité, une renégociation contractuelle peut s’imposer : révision des niveaux de service, ou, lorsque cela se justifie, formalisation de pénalités en cas de retard. Un cadre clarifié contribue à sécuriser les approvisionnements et à rééquilibrer durablement la relation fournisseurs.
Formule : (Nombre de livraisons en retard / Nombre total de livraisons) x 100
#9 Taux de non-conformité des commandes
La non-conformité des commandes passées auprès des fournisseurs peut entraîner des effets en chaîne particulièrement pénalisants pour l’organisation.
Lorsqu’un produit ou un service livré ne correspond pas à ce qui a été commandé, que ce soit en termes de quantité, de qualité ou de spécifications, l’entreprise supporte d’abord une perte financière évidente : la valeur reçue n’est plus alignée avec la dépense engagée.
Au-delà de l’impact économique, la non-conformité affecte directement la productivité des équipes. Une quantité insuffisante ou un matériel inadapté peut bloquer une production, retarder un projet interne ou perturber le fonctionnement quotidien des collaborateurs. Chaque écart génère ainsi un coût invisible mais réel pour l’entreprise.
Elle complique également le traitement comptable. Le rapprochement automatique entre commande, livraison et facture (le fameux three-way-matching) repose sur la cohérence parfaite des données. Dès qu’une anomalie apparaît, le flux doit être traité manuellement : analyse de l’écart, échanges avec le fournisseur, ajustements internes… Autant d’opérations qui ralentissent le processus et allongent mécaniquement les délais de paiement.
Pour prévenir ces dérives, le suivi régulier du taux de non-conformité est indispensable. Un indicateur à la baisse reflète une relation fournisseurs saine et maîtrisée. Un indicateur dégradé doit au contraire déclencher une analyse approfondie permettant d’identifier l’origine des écarts et de mettre en place les actions correctrices adaptées.
Formule : (Nombre de livraisons non conforme / Nombre total de livraisons) x 100
#10 et #11 Taux de litiges et délai de résolution
Comme dans toute relation commerciale, des points de friction peuvent émerger au fil du temps. Les litiges trouvent le plus souvent leur origine dans des malentendus contractuels, des divergences d’interprétation, des erreurs de communication ou encore des retards de livraison récurrents.
Lorsqu’ils s’accumulent, ces incidents fragilisent la relation et peuvent, à terme, conduire à des démarches contentieuses voire à une rupture du contrat.
D’où l’importance de suivre de près le nombre de litiges ouverts et leur évolution dans le temps. Un fournisseur peut présenter un volume de litiges sensiblement supérieur à la moyenne, traduisant des difficultés structurelles ou une collaboration déséquilibrée. En l’absence de solution rapide, il peut être nécessaire d’envisager un recours à un fournisseur alternatif, afin de préserver la continuité d’activité et de limiter l’impact sur votre organisation.
L’idéal reste toutefois d’intervenir dès l’apparition des premiers signaux. La mise en place de mesures correctrices, la clarification des attentes ou l’ajustement du cadre contractuel permettent souvent de désamorcer les tensions avant qu’elles ne s’enveniment.
Un délai de résolution court témoigne d’une relation saine et d’un dialogue efficace. À l’inverse, un traitement long ou laborieux accroît le risque de dégradation durable.
Formule taux de litiges : (Nombre de litiges ouverts / Nombre total de commandes ou factures) × 100
Formule délai de résolution : Somme des durées de résolution de chaque litige / Nombre de litiges résolus
#12 Le taux de dépendance à vos fournisseurs
Les risques auxquels sont exposés vos fournisseurs peuvent fragiliser leur capacité à assurer la continuité de service. Il devient donc crucial d’évaluer le niveau de dépendance que votre organisation entretient avec chacun d’eux, afin d’anticiper toute défaillance.
Cette analyse repose généralement sur une une analyse des dépenses par fournisseur et catégorie d’achats croisée par le niveau de criticité des risques.
Elle permet d’identifier les partenaires sur lesquels un degré de dépendance trop élevé pourrait représenter un risque majeur, et d’anticiper les actions à mettre en place: diversification du panel, révision des volumes, mise en concurrence ou renforcement du suivi opérationnel.
Formule : montant annuel acheté au fournisseur / chiffre d’affaires du fournisseur *100
Le respect des critères environnementaux
L’intégration d’objectifs liés au développement durable est devenue un enjeu stratégique pour les Directions Achats, afin de répondre aux différentes réglementations en vigueur (devoir de vigilance, CSRD, CS3D, Omnibus), réduire leur impact environnemental, renforcer la résilience de leur chaîne d’approvisionnement et répondre aux attentes croissantes des parties prenantes (clients, investisseurs, collaborateurs).
Cela sous-entend que les entreprises doivent aller au-delà des audits ponctuels et évaluer de façon proactive leurs propres pratiques ainsi que celles de leurs partenaires.
#13 Le Calcul du CO2 consommé et économisé
85 % des Directions Achats font de la décarbonation l’une de leurs priorités majeures.
Cela passe avant tout par une mesure de l’empreinte carbone de leurs achats. Catégorisées comme émissions de « Scope 3 », elles représentent 75 % du CO2 total émis par l’entreprise, Selon CDP (Carbon Disclosure Project).

Suivre l’évolution de ces émissions dans le temps est indispensable pour vérifier si les orientations prises (achat responsable, partenariats bas carbone, nouveaux modèles de consommation) contribuent effectivement à réduire l’empreinte globale de l’organisation.
Les émissions dites Scope 4, qui mesurent l’évitement d’émissions grâce à des solutions alternatives plus vertueuses, viennent compléter cette analyse et offrent une vision plus fine de la performance environnementale.
Formule calcul des émissions Scope 3 : Somme (Volume acheté × Facteur d’émission unitaire)
L’usage de l’IA et des outils Achats dans le calcul de vos KPIs
Le pilotage des KPIs Achats ne peut pas se limiter à un exercice ponctuel. Pour être réellement utile, leur analyse doit s’inscrire dans une démarche continue et proactive, permettant de suivre l’évolution des actions engagées, de mesurer leurs effets et d’ajuster les processus au fil du temps.
Dans cette perspective, les solutions Source to Pay constituent un appui précieux. Leurs reportings intégrés et leurs tableaux de bord dynamiques offrent aux Directions Achats une vision centralisée, fiable et actualisée de leurs indicateurs. Ce sont d’ailleurs parmi les fonctionnalités les plus utilisées, tant elles facilitent la prise de décision.

L’IA vient désormais enrichir ces capacités, en apportant des niveaux d’analyse et d’automatisation encore inaccessibles il y a quelques années.
Elle permet notamment :
- L’automatisation de la collecte et du traitement des données : les algorithmes agrègent en temps réel des volumes importants d’informations issues de multiples sources, les consolident et les structurent. Cette automatisation limite les erreurs humaines et assure une mise à jour continue des tableaux de bord.
- L’analyse prédictive et les recommandations intelligentes : grâce au machine learning, les outils identifient des tendances, anticipent les risques et suggèrent des actions correctrices. Ils peuvent, par exemple, proposer des scénarios d’optimisation ou recommander des fournisseurs alternatifs.
- La détection des anomalies et des fraudes : l’IA signale automatiquement des incohérences dans les transactions : variations de prix injustifiées, fournisseurs non conformes, comportements atypiques. Ces alertes renforcent le contrôle interne et sécurisent les dépenses.
Échangeons sur votre projet
Si vous souhaitez structurer votre pilotage de la performance et adopter des outils capables d’automatiser l’analyse de vos KPIs, nos experts peuvent vous guider et vous aider à franchir une nouvelle étape dans la digitalisation de vos Achats.